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UN SAUVETAGE

mière erreur avec José ne l’avait pas fait souffrir, mais elle était restée le cœur amer et vide. Et voilà que Maurice y versait de douces paroles… Pourquoi ne les écouterait-elle pas, puisqu’il était digne d’elle ? C’était en effet un charmant garçon, grand, bien pris. On ne faisait guère attention à lui, et d’ailleurs lui-même s’effaçait discrètement à cause de ses fonctions de secrétaire. Mais il méritait mieux ; depuis quelques jours qu’il jouait un rôle important dans la vie de Germaine, celle-ci l’observait, et ce n’était pas avec indifférence. Elle était capable de reconnaître qu’il était instruit, que sa conversation était solide et assez brillante ; il était capable de remplacer son père, il serait riche, enfin, il l’aimait. Pourquoi ne laisserait-elle pas attirer son cœur par cet aimant puissant ?

Oui, pourquoi ? Le crépuscule descendait lentement, les jeunes gens prirent le chemin de la villa.

— Germaine, je vous aime…

Et Germaine mit sa main dans la main du jeune homme.


CHAPITRE VI.


— Monsieur, j’ai l’honneur de vous demander la main de Mademoiselle votre fille.

M. Montfort resta figé, la main en l’air et le regard fixé sur le jeune homme.

— Je vois, Monsieur, votre étonnement et j’aurais dû faire précéder ma demande de quelques précautions oratoires ; mais que voulez-vous, je suis un timide, je me jette à l’eau brusquement, et puis après je cherche à me tirer d’affaire.

— Pour un timide, dit enfin M. Montfort, vous avez une façon d’attaquer la question !…

— C’est la meilleure : la question est posée nettement, après nous pouvons l’examiner, nous savons où nous voulons en venir.

— Mais, mon cher ami, elle est très complexe, cette question là.

— Elle paraît complexe, mais elle ne l’est pas beaucoup ; voilà bien longtemps que j’y réfléchis, et c’est curieux comme tout se simplifie à la réflexion. Permettez-moi de