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UN SAUVETAGE

aurait permis d’espérer, tant elle était touchée. Lui, cependant, continuait :

— Voyez-vous, Germaine, nous jouons ici une petite comédie qui peut se limiter à six personnages : le baron voulait vous épouser ; vous, vous aviez choisi José ; Suzanne ne pensait pas à moi parce qu’elle est pauvre et moi aussi, et moi, je restais en face de Mme de Saint-Crépin. Il y a faux départ, aucun de nous n’est à sa place. J’ai réfléchi à cette situation et je me suis mis en tête de la redresser ; et, pensant d’abord à vous que j’aime, je commence par vous demander d’être à moi…

— Réservons la réponse, dit Germaine. Je serais curieuse de savoir comment vous arrangez les autres.

— C’est bien simple : Suzanne épousera le baron très volontiers, question de fortune.

— Mais savez-vous si elle voudra ?

— Elle voudra. On peut peut-être regretter de donner une aussi belle fille à un homme qui n’est plus très frais, mais il ne faut pas s’y fier, et enfin, il faut bien faire un petit sacrifice pour être riche et baronne. Quant à José je lui fais enlever Mme de Saint-Crépin, et tout le monde sera content.

— Oh ! ça, par exemple, ce serait amusant ! s’écria Germaine en tapant des mains avec une joie si spontanée que Maurice eût été rassuré sur ses sentiments à l’égard de José s’il avait conservé quelques doutes.

— Alors, commençons par nous, Germaine, donnez-moi la permission de parler à votre père…

— Mon père ne voudra pas.

— Nous verrons. Laissez-moi lui parler. Permettez-moi…

— Donnez-moi quelques jours pour réfléchir.

— Eh bien soit, accorda Maurice à regret, n’oubliez pas que vous tenez mon bonheur dans ces petites mains que je couvre de baisers, et laissez-moi espérer… laissez-moi espérer…

Sur la plage, comme presque tous les soirs, le baron regarde jouer au tennis, il est toujours très attentif aux mouvements des jeunes filles ; ce sont les mêmes qui jouent, Germaine et Suzanne, mais ce ne sont plus les mêmes jeunes gens, ou du moins ce n’est plus José. Mais, au fait, voilà longtemps qu’on ne l’a plus vu, José, que devient-il donc ?