Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
UN SAUVETAGE

Après le déjeuner, Germaine s’installa dans le jardin avec son amie. Comme celle-ci n’ignorait rien de l’intrigue, Germaine lui raconta ce qui s’était passé la veille et comment elle n’était pas partie, et comment Maurice était mêlé à ses affaires. Suzanne n’en fût pas autrement surprise, puisque c’était elle-même qui avait averti Maurice, d’après le pacte d’alliance qu’ils avaient conclu. Mais elle se demandait comment le jeune homme avait réussi à empêcher ce départ. Bien entendu, elle ne dévoila rien à Germaine de peur de gêner Maurice ; elle pensa que tôt ou tard par l’un ou par l’autre, elle saurait le fin mot de l’histoire.

Le matin, en retrouvant son amie, qu’elle croyait déjà bien loin, elle lui sauta au cou et l’embrassa vivement.

— Ah ! Germaine, que je suis contente.

Puis regardant son amie toute souriante, elle reprit :

— Mais je crois que tu es contente aussi… Que s’est-il donc passé ?

Germaine raconta tout et elle conclut :

— Eh bien ! oui, je suis contente… Dût mon amour-propre en souffrir, il ne m’en coûte pas de reconnaître que je me trompais… Hier au soir en voyant mon coup manqué, j’ai eu un moment de vide et de désolation, vite passé, ce pendant, et cette nuit a opéré un bouleversement dans mes idées, dans mes sentiments. Hier encore il me semblait qu’il n’y avait pas de bonheur possible sans José, et aujourd’hui, au contraire j’éprouve un soulagement… Et si tu savais comme j’ai été heureuse de me retrouver ici en m’éveillant, ce matin.

— J’en suis heureuse pour toi, Germaine, et pour moi aussi.

— Tu es bonne et plus clairvoyante que moi.

— Et que vas-tu faire maintenant ?

— Rien.

— Vas-tu chercher à le revoir ?

— Je n’y tiens pas, je t’assure que je n’y tiens pas.

— Et tu as raison.

— Je voudrais pourtant savoir pourquoi il n’est pas venu.

— Peut-être que Maurice te le dira.

— Peut-être, et je languis de le savoir, non seulement pourquoi José n’était pas là, mais pourquoi et comment il y était, lui, Maurice. Aussi, tu vois, je renonce au tennis et