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UN SAUVETAGE

ler le courrier. Parmi les nombreuses lettres il y en avait une ce matin qui lui fit plaisir. On lui annonçait du Ministère que les palmes étaient accordées à Mme de Saint-Crépin ; c’était chose faite ; deux ou trois jours encore pour la signature des papiers et on les expédierait.

Maurice fut sur le point d’envoyer prévenir la nouvelle décorée, ou d’y aller lui-même, mais il posa la lettre sur le coin de sa table,

— Bah ! pensa-t-il, nous ne tarderons pas à la voir. Et comme on frappait à la porte :

— Je parie que c’est elle, continua-t-il.

Ce n’était pas elle, c’était Germaine.

Les deux jeunes gens restèrent un moment l’un en face de l’autre, immobiles et muets et embarrassés. Maurice hésitait, ignorant les dispositions d’esprit de la jeune fille et Germaine hésitait aussi, ne sachant pas si le jeune homme était au courant de toute son histoire et ne voulant pas lui révéler ce qu’il pourrait ignorer.

Ce fut elle cependant, qui rassembla ses esprits et parla la première.

— Monsieur Maurice, dit-elle, nous nous sommes rencontrés, hier soir, dans des circonstances, dans des conditions… enfin je ne crois pas que notre rencontre soit l’effet du hasard. Je l’ai pensé d’abord, mais ce que vous m’avez dit par la suite me prouve que votre présence était voulue… Vous m’avez promis des explications…

— Et je vous les donnerai, Mademoiselle.

— Vous comprendrez que je sois un peu impatiente.

— Je le comprends, Mademoiselle, mais auparavant, me permettez-vous de vous poser une ou deux questions, ou tout au moins de vous prier de rectifier si je commettais quelque erreur ?

— Voyons.

— Vous arriviez à la gare avec l’intention de prendre le train de onze heures. Quand vous m’avez vu, vous avez été surprise, et plus surprise encore de ne pas trouver celui que vous veniez rejoindre. C’est bien cela ?

Germaine rougit et fit un geste d’approbation.

— Bon, je continue. Il est facile de comprendre pourquoi vous vous retrouviez tous les deux, à cette heure-là, au moment du train.

— Mais, Monsieur…

— Mademoiselle, je vous prie de rester très calme, et de