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UN SAUVETAGE

dans ses bras et la garda appuyée à son épaule, secouée de tremblements convulsifs, et lui-même était profondément ému.

— Calmez-vous, Germaine, lui disait-il, ne pleurez plus…

Enfin elle releva son joli visage baigné de larmes.

— Quoi, dit-elle, vous me dites qu’il ne viendra pas. Vous saviez donc qui, vous savez donc tout ?

— Je sais tout, répondit Maurice en souriant, et je vous dirai tout. José ne viendra pas ; il serait venu s’il avait dû venir. Maintenant il serait trop tard.

— Mais c’est une trahison de sa part !

— Si vous voulez, Germaine. Mais croyez-moi, il vaut mieux qu’il en soit ainsi.

La jeune fille se redressa agressive :

— Pourquoi dites-vous cela ?

Maurice comprit qu’il ne devait s’avancer qu’avec beaucoup de prudence pour ne pas faire une impression défavorable et définitive sur cette âme encore toute froissée.

— Écoutez, Germaine, tout ce que je sais, je vous le dirai. Mais accordez-moi que ce n’est ni le lieu ni le moment : nous sommes à deux pas de la gare, il est onze heures et demie. Si on s’apercevait que vous n’êtes pas chez vous, si on nous trouvait là, il faudrait fournir des explications. Ce serait pénible, et vous n’y tenez pas.

— Oh ! pas du tout !

— Bon. De plus, vous êtes sous le coup d’une émotion violente. Ce départ raté a amené en vous une perturbation qui vous empêcherait d’apprécier mes explications à leur juste valeur. Pour José, permettez moi un conseil :

Ne cherchez pas à le revoir du moins avant que nous ayons causé. Pour moi, je vous dois une explication nette : vous l’aurez, mais je vous en prie, laissez-moi choisir mon heure. Et pour le moment, croyez-moi, rentrons vite.

— Pourtant, je veux savoir, s’écria Germaine avec un mouvement d’humeur.

— Vous le saurez, ayez un peu de patience.

— De la patience, de la patience, quand je vous trouve mêlé à cette affaire d’une façon inexplicable.

— Inexplicable pour le moment, Germaine. Considérez qu’il va être minuit, peut-être vous cherche-t-on, je ne peux pas me mettre à vous raconter une longue histoire.

— Vous avez donc une longue histoire à me raconter ? C’est donc José qui vous a mis au courant ?