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UN SAUVETAGE

où il ne passait personne. José s’en assura d’un coup d’œil, il se sentit aussi plus robuste que Maurice ; il revint violemment sur lui et le saisît au collet.

Maurice avait prévu l’attaque ; il résista au choc et sortit la main qu’il avait mise à la poche. Cette main tenait un revolver qu’il éleva jusqu’aux yeux de José.

— Mon ami, dit-il tranquillement, vous voyez que je savais à qui j’avais affaire, j’ai pris mes petites précautions ; ne faites pas de bruit, vous seriez encore plus attrapé que moi.

José desserra son étreinte.

— Mais enfin, que me voulez-vous ? s’écria-t-il.

— À la bonne heure ! dit Maurice. Ce que je veux, je vais vous le dire. Donc, le passé est réglé… Passons au présent. Vous alliez à la gare, n’est-ce pas ? Vous alliez prendre deux billets pour Paris, sans doute, ou pour Bruxelles, peu importe. Et à onze heures vous preniez le train avec Mlle Germaine Montfort qui va venir vous rejoindre.

José regardait Maurice avec des yeux ébahis. Maurice se rapprocha de lui et martela les syllabes.

— Ça, je-vous-le-dé-fends !…

— Mais… mais, balbutia José qui comprit qu’il était inutile de nier, si… si elle veut, elle !

— Je vous le défends ! répéta plus violemment encore Maurice. Si elle veut, c’est que vous l’avez trompée, c’est qu’elle ne vous connaît pas… Eh bien ! comptez sur moi pour lui dire ce que vous avez négligé de lui apprendre.

— Mais enfin, de quel droit venez-vous vous mêler…

— Ça, ça n’est pas votre affaire…

— Qu’est-ce que je vous ai fait ? J’étais en train de me refaire une vie.

— Vous êtes un peu cynique, mon ami, reprit Maurice. Vous refaire une vie ! Vous appelez ça vous refaire une vie, en enlevant une jeune fille que vous avez entortillée de je ne sais quelles promesses, enjôlée en faisant miroiter un avenir que vous êtes incapable de réaliser… Ce que vous m’avez fait, à moi ? Rien, je le reconnais : je viens simplement sauver cette jeune fille. Après quoi, vous voulez refaire votre vie, mais je vous aiderai si vous voulez, une fortune même. Voulez-vous que je fasse votre fortune ?

Depuis un moment José baissait la tête ; il se sentait découvert, il comprenait qu’il avait affaire à plus fort que