Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
UN SAUVETAGE

ce petit café ; rien de grave, mais il est temps, et… je me demande ce que je dois faire…

— Ils en sont aux préparatifs de leur fuite…

— Comment ! vous savez aussi ?

— Et ce n’est pas fini. Donc, elle a toujours l’intention de filer avec lui… Et savez-vous si ce sera pour bientôt ?

— Elle parle d’après-demain… Si elle l’aimait, encore !…

— Ah ! elle ne l’aime pas ? fit vivement Maurice.

— Mais non… Ce n’est pas de l’amour, c’est une toquade ridicule, elle en aura assez au bout de huit jours. On n’aime pas M. José ! Qu’est-ce que c’est que M. José !

— En effet, fit Maurice.

— Aussi je ne sais que faire. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’en détourner… Inutile. Je me demande si je ne dois pas avertir son père et l’empêcher de faire cette bêtise. J’ai l’air de trahir une amie, mais en réalité ce serait lui rendre un fier service. Et tenez, Monsieur Maurice, au fond, je suis bien aise d’en parler avec vous ; vous êtes sérieux, et il me semble que ma responsabilité est moins lourde.

— Vous avez raison, Mademoiselle, je vous demanderai seulement de me tenir au courant jusqu’à demain : vous me direz s’ils sont toujours disposés à partir. Et nous empêcherons bien M. José de nous enlever Germaine. Mais ceci ne sera qu’un premier résultat. Il ne tiendra qu’à vous que nous restions amis, unis, alliés, que nous nous rendions mutuellement service ; et pour vous montrer que ce ne sont pas là de vains mots, permettez-moi de vous poser une question ?

Maurice prit un temps pour ménager son effet, puis, se rapprochant de la jeune fille, il lui demanda doucement :

— Êtes-vous toujours disposée à épouser le baron ?

— Mais vous êtes sorcier ! s’écria Suzanne avec un sursaut.

— Peut-être… Raison de plus pour m’accorder votre confiance.

— Mais le baron a demandé Germaine en mariage.

— Je le sais, mais je sais aussi que Germaine n’épousera pas le baron et que vous l’épouserez si vous voulez. Mais ceci est moins pressé.

— Oui, pour le moment, occupons-nous de Germaine ; elle va revenir.

— Il vaut mieux qu’elle ne nous voie pas ensemble. Elle va vous raconter son entrevue avec José. Tout à l’heure