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UN SAUVETAGE

pour moi… Et la sympathie de M. Montfort, c’est son appui ; et son appui, c’est mon avenir. Voyez comme les choses qui parfois ne sont rien en apparence ont des conséquences considérables…

— Eh bien ! vous la verrez. Je ne l’ai pas sur moi en ce moment, mais je vous l’apporterai. Ça me donnera prétexte pour revenir.

— Oh ! Madame, avez-vous besoin d’un prétexte ?…

— Sans doute, non, mais enfin, le monde…

— Je comprends…

Elle rapprocha de lui son visage émaillé, si près qu’il eût un peu peur ; mais il se raidit bravement, prêt à tout pour voir et avoir ce document qui pouvait être si utile à son patron et le poser lui-même en garçon habile, intelligent et dévoué.

Mais pour cette fois, le visage de Mme de Saint-Crépin s’arrêta à quelque distance du sien, et elle se contenta de dire :

— Et dès que j’aurai la certitude pour mes palmes, si vous êtes bien gentil, je vous la donnerai.

— Mais je suis toujours très gentil, affirma Maurice.

— Je me comprends, dit-elle en clignant de l’œil. Et elle se sauva.


CHAPITRE III.


Renseigné comme il l’avait été par le plus heureux des hasards, Maurice se mit à surveiller étroitement tous ses personnages, guettant le moment où il pourrait entrer en scène avec le plus d’avantages.

Il remarqua d’abord que José et Germaine évitaient de rester ensemble quand on pouvait les voir, mais ils cherchaient avec soin toutes les occasions de rester seuls hors de tout regard. Il en devina vite la cause. Cette fine mouche de Germaine avait peur que son père lui défendit de revoir ce jeune homme et elle allait au-devant de la défense en l’évitant.

Elle s’était en effet aperçu que son père s’était mis à la surveiller. En se comportant ainsi, elle le rassurait et il ne pouvait manquer de relâcher sa surveillance. Autre avantage : elle pourrait voir José en secret plus facilement.