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UN SAUVETAGE

jardin. Au fond de ce jardin se trouvait un pavillon, un petit pavillon composé d’une grande pièce et de deux petites. De la grande pièce, le sénateur avait fait son bureau ; là, il était plus tranquille pour travailler et recevoir ses électeurs. Les deux petites pièces avaient été aménagées pour loger son secrétaire.

Mais ce n’était pas un électeur que M. Montfort venait de recevoir et reconduisait avec des paroles affables, c’était Monsieur le baron Adhémar.

M. le baron depuis qu’il regardait les jeunes filles jouer au tennis, sentait monter en lui des ardeurs et des velléités de jeune homme. La seule vue de Germaine le transportait et son souvenir hantait son cerveau et troublait son cœur. Il se traitait de fou, il se morigénait lui-même, mais à toutes les récriminations de sa raison le baron répondait qu’il avait encore quelques bonnes années à vivre et qu’il voulait les vivre en beauté.

Et voilà pourquoi il avait sollicité cérémonieusement une audience du sénateur pour lui demander la main de sa fille, celui-ci fut un peu surpris, comme bien on pense. Mais enfin le baron était très riche ; il avait un beau titre et beaucoup d’influence dans le département, ce qui ne déplaisait pas au sénateur ; enfin, l’espoir du bonheur, la perspective d’avoir une femme jeune lui donnait à lui-même, en ce moment, un regain de jeunesse.

Aussi, après le premier moment de surprise, et après un quart d’heure de conversation, le sénateur en venait à envisager ce projet avec une certaine faveur.

— Je vais communiquer votre demande à ma femme et à ma fille, dit-il, et j’espère, baron, que leur réponse vous donnera satisfaction.

— Je suis déjà heureux que vous regardiez ma demande d’un œil favorable…

— Et je suis prêt à l’appuyer.

— Je vous remercie, et je vous prie, par surcroît, de presser le moment où j’aurai le bonheur de déposer mes hommages aux pieds de Mademoiselle votre fille.

— Aujourd’hui même elle saura votre démarche.

Le baron remercia encore et le sénateur alla trouver sa femme : Mme Montfort déclara que son avis serait celui de son mari et de sa fille. Le sénateur rentra dans son bureau et demanda qu’on lui envoie Germaine.

Mais il y rencontra d’abord son secrétaire.