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LA VILLE ENCHANTÉE

repris par mon ancienne curiosité, ce fut là une des principales difficultés qui paralysèrent mon enquête ; personne ne paraissait même s’apercevoir que je fusse là. Parfois, j’essayais d’arrêter au passage un de ces êtres qui glissaient près de moi, et de lui dire mon nom. Peine perdue. La brise n’écarte pas plus doucement une paille qu’elle rencontre ; la rivière ne rejette pas avec moins d’effort sur ses rives les feuilles mortes qui n’ont même pas fait rider la surface des flots. Ils vivaient tous d’une vie alerte et rapide, très pleine et néanmoins très paisible. Âme endormie et toute passive, j’étais là seul à ne rien faire. Quand vous étiez encore à Semur, auriez-vous interrompu votre travail pour expliquer à un passant oisif le sens de votre vie ? Eux de même. Le fleuve me poussait d’ici et de là.