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DU PHARAON

roux pendant des siècles, sans le préserver de la ruine… Son corps de roc n’a plus qu’une vague forme de lion, mais remarquez comme sa tête se dresse encore, sur son col aminci, comme pour saluer le premier, toujours, la quotidienne réapparition du soleil !… Le bas de la coiffure est absent, le nez et la barbe ont été brisés, mais considérez comme cette magnifique ruine a encore, malgré ses mutilations, son expression de force et de majesté… Dans les yeux qui regardent au loin semble se concentrer la pensée profonde du front vaste ; le sourire de la bouche est encore visible ; la face ruinée est toujours empreinte de paix et de grandeur. Ce sont de vrais artistes qui ont pensé et exécuté le travail gigantesque qu’était la création de cette statue prodigieuse, taillée en pleine montagne ![1]

Je l’aime, le Sphynx, une des perles de l’antique patrie de Menès, de Bocchoris le législateur, de Sésostris le grand conquérant, de Sêthos, son père, des Ptolémées et de la belle Cléopâtre. Je l’aime, mon pays au passé merveilleux. Les divers jougs sous lesquels il a dû plier le front ne

  1. D’après G. Maspero. — L’Archéologie Égyptienne.