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de l’Abstrait qui poussait le Zen à préférer les esquisses en blanc et noir aux peintures soigneusement exécutées de l’école bouddhiste classique. Pour avoir cherché à reconnaître le Bouddha en eux-mêmes plutôt que dans les images et les symboles, certains adeptes du Zen devinrent iconoclastes. Voici Tankawosho qui brise, un jour d’hiver, une statue en bois de Bouddha pour faire du feu.

— Quel sacrilège ! s’écrie un spectateur frappé d’épouvante.

— J’extrairai de ses cendres les Shali[1] qu’elle contient, répondit tranquillement le Zen.

— Mais vous ne trouverez certainement pas de Shali dans cette statue !

À quoi Tanka de répliquer :

— Eh bien ! c’est que ce n’est certainement pas un Bouddha et, dans ce cas, je ne commets aucun sacrilège !

Et il se tourna vers le feu flambant pour se bien chauffer.

  1. Les pierres précieuses qui se forment dans le corps des Bouddhas après la crémation.