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çaient par parler comme des fous et finissaient par rendre sages leurs auditeurs. Laotsé lui-même, avec son délicat humour, dit : « Quand les gens d’intelligence inférieure entendent parler du Tao, ils éclatent de rire. Il n’y aurait pas de Tao, cependant, s’ils n’en riaient. »

Littéralement, le Tao signifie le Sentier ; mais on l’a souvent traduit par le Chemin, l’Absolu, la Loi, la Nature, la Raison suprême, le Mode, termes qui, d’ailleurs, ne sont pas incorrects, étant donné que les taoïstes emploient eux-mêmes un mot différent selon l’objet essentiel de la recherche. Laotsé lui-même dit à ce propos : « Il existe une chose qui contient tout, qui est née avant que le ciel et la terre fussent. Combien silencieuse ! Combien solitaire ! Elle se tient seule et ne change pas. Elle retourne sans danger à elle-même et elle est la mère de l’univers. Comme j’ignore son nom, je l’appelle le Sentier. C’est à regret que je l’appelle l’Infini. L’Infini est le Fugitif, le Fugitif est l’Évanouissement, l’Évanouissement est le Retour. » Le Tao est dans le Passage plutôt que dans le Sentier.