Page:Okakura - Le livre du thé, 1927.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la Chine, fut harcelée par des troubles intérieurs, et la Chine retomba, au dix-septième siècle, sous la domination étrangère des Mandchous. Les mœurs et les coutumes se transformèrent au point de perdre toute trace des époques précédentes. Le thé en poudre est complètement oublié. L’on voit un commentateur Ming impuissant à se rappeler quelle était la forme de la vergette à battre le thé, telle que la décrit un des classiques Song. L’on prend alors le thé en faisant infuser les feuilles à l’eau chaude dans un bol ou une tasse ; ce qui montre que le monde occidental est innocent de cette vieille façon de prendre le thé : l’Europe n’a connu le thé qu’à la fin de la dynastie des Ming.

Pour le Chinois d’aujourd’hui, le thé est, certes, un délicieux breuvage, mais non pas un idéal. Les longs malheurs de son pays lui ont enlevé le goût de la signification de la vie. Il est devenu moderne, c’est-à-dire vieux et désenchanté. Il a perdu cette sublime foi aux illusions qui constitue l’éternelle jeunesse et l’éternelle vigueur des poètes et des anciens. Il est éclectique et accepte