Page:Okakura - Le livre du thé, 1927.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une nouvelle espèce de thé, plus précieuse encore. Il a écrit lui-même une dissertation sur les vingt espèces de thé ; et c’est au « thé blanc » qu’il donne le prix comme au plus rare et au plus exquis.

L’idéal du thé selon les Song diffère de celui des Tang autant que différait leur conception de la vie. Ils cherchaient à réaliser ce que leurs prédécesseurs avaient essayé de symboliser. Pour l’esprit imbu du Néo-Confucianisme, la loi cosmique ne se reflétait pas dans le monde des phénomènes, mais le monde des phénomènes était la loi cosmique elle-même. Les Éons n’étaient que des moments — le Nirvana toujours à portée. La conception taoïste que l’immortalité consiste dans le changement éternel imprégna toutes leurs façons de penser. C’était le progrès, et non l’action, qui était digne d’intérêt. C’était l’acte d’accomplir et non l’accomplissement qui était vraiment l’acte vital. Les hommes pouvaient ainsi se trouver face à face avec la nature. Un nouveau sens s’introduisit dans l’art de la vie. Le thé commença d’être non plus un passe-temps poétique, mais une mé-