Page:Okakura - Le livre du thé, 1927.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans les ténèbres de l’égoïsme et de la vulgarité. L’on achète la science avec une mauvaise conscience, l’on pratique la bienveillance par amour de l’utilité. L’Orient et l’Occident, comme deux dragons ballottés sur une mer en fermentation, luttent en vain pour reconquérir la pierre précieuse de la vie. Nous avons besoin d’une Niuka pour réparer le grand désastre ; nous attendons le grand Avatar. En attendant, dégustons une tasse de thé. La lumière de l’après-midi éclaire les bambous, les fontaines babillent délicieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. Rêvons de l’éphémère et laissons-nous errer dans la belle folie des choses.