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aux femmes, leur beauté. Le prix du thé à ses débuts (environ quinze à seize shillings la livre) l’empêcha de devenir une boisson de consommation courante et en fit « un régal pour les réceptions du grand monde, dont on ne fait présent qu’aux princes et aux grands ». Cependant, en dépit de ces inconvénients, l’usage du thé se répandit avec une extraordinaire rapidité. Dans la première moitié du dix-huitième siècle, les cafés de Londres étaient devenus, en fait, des maisons de thé et le rendez-vous des beaux esprits comme Addison et Steele, qui s’oubliaient eux-mêmes devant leur « plat de thé ». Le thé devint bientôt une nécessité de la vie et, par suite, une marchandise imposable. Rappelons, à ce propos, quel rôle important il a joué dans l’histoire moderne. L’Amérique coloniale a supporté l’oppression jusqu’au jour où la patience humaine se révolta devant les droits trop lourds dont on frappa le thé. L’indépendance de l’Amérique date de la destruction de caisses de thé dans le port de Boston.

Le goût de thé possède un charme subtil