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plume chevaleresque d’un Lafcadio Hearn ou d’un écrivain comme l’auteur du Tissu de la vie indienne éclaire les ténèbres orientales avec la torche de nos sentiments personnels.

Mais il se peut que je trahisse ma propre ignorance du Culte du Thé en me montrant si franc. L’essence de la politesse commande de ne dire que ce que l’on attend de nous, pas davantage. Tant pis si je passe pour un théiste impoli. L’incompréhension mutuelle du Nouveau Monde et du Vieux a déjà fait tant de mal qu’il n’y a pas à s’excuser de vouloir collaborer si peu que ce soit au progrès d’une compréhension meilleure.

Le commencement du vingtième siècle aurait épargné au monde le spectacle d’une guerre affreusement sanguinaire si la Russie avait condescendu à mieux connaître le Japon. Quelles conséquences terribles pour l’humanité comporte l’ignorance méprisante où elle est des problèmes orientaux ! L’impérialisme européen, qui ne dédaigne pas de pousser le cri absurde du Péril jaune, n’imagine pas que l’Asie puisse aussi un jour péné-