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de lumière et de beauté, extraordinairement raffiné et subtil, d’une sensibilité infiniment délicate, du goût le plus sûr et le plus élégant, un de ces hommes qui ont la sagesse… ou la folie de penser que l’humanité serait peut-être moins malheureuse si elle était restée plus étroitement attachée à ses traditions et à ses croyances ancestrales, un de ces artistes-poètes qui savent jouir de tous les spectacles de la nature et de la vie et pour qui l’art ne réside pas uniquement dans les œuvres des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des écrivains, des architectes, mais sous mille autres formes invisibles pour la plupart aux regards de la foule et qui procurent aux sens et à l’âme des initiés d’incomparables voluptés.

Quoi qu’il en soit, je n’hésiterai pas à affirmer qu’il n’est nullement besoin d’être Japonais pour tirer profit des leçons de sagesse et de beauté dont Okakura-Kakuzo a fleuri, à profusion, ce précieux petit ouvrage ; au contraire, c’est à nous autres, Européens, que ces leçons peuvent être le plus utiles, c’est à nous autres qu’elles sont le plus nécessaires. On m’objectera sans doute que la conception