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floral qui n’était point l’application de ces principes, était considéré comme infécond et mort. Ils insistaient aussi beaucoup, les maîtres de fleurs d’alors, sur l’importance qu’il y a à traiter une fleur dans ses trois aspects différents, le formel, le semi-formel et l’informel. L’on pourrait dire que le premier présente les fleurs dans une somptueuse toilette de bal, le second dans l’élégance aisée d’une robe d’après-midi, le troisième dans le charmant déshabillé du boudoir.

Nos sympathies personnelles vont, avouons-le, aux arrangements floraux du maître de thé plutôt qu’à ceux du Maître de Fleurs. Les premiers sont de l’art conçu selon son but essentiel et sur le terrain de son intimité véritable avec la vie. Nous aimerions appeler cette école la naturelle, en opposition à la naturaliste et à la formaliste. Le maître de thé estime que son devoir se borne au choix des fleurs, et il les laisse conter leur propre histoire. Vous entrez dans une Chambre de thé vers la fin de l’hiver et vous y voyez une frêle brindille de cerisier sauvage combinée avec un camélia en bou-