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appartement japonais. Rien autre ne sera placé près d’elle qui puisse nuire à l’effet qu’elle doit produire, pas même une peinture, à moins qu’il n’y ait quelque raison esthétique particulière à une combinaison de ce genre. La fleur est donc là comme un prince sur son trône, et les invités ou les disciples, en entrant dans la pièce, la salueront d’un profond salut avant de présenter leurs compliments à leur hôte. D’après les chefs-d’œuvre du genre l’on exécute des dessins que l’on répand pour l’édification des amateurs, et il existe toute une littérature, très considérable, sur le sujet. Quand la fleur se fane, le maître la confie tendrement à la rivière ou soigneusement l’ensevelit dans la terre. Quelquefois même on élève à leur mémoire des monuments.

L’origine de l’Art d’arranger les fleurs est contemporaine, semble-t-il, de celle du Théisme, c’est-à-dire qu’elle date du quinzième siècle. Nos légendes attribuent le premier arrangement floral à ces vieux saints bouddhistes qui ramassaient les fleurs fauchées par l’ouragan et, dans leur sollicitude