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destruction nous guette de quelque côté que nous nous tournions. Destruction en bas et en haut, destruction derrière et devant. Le Changement est la seule chose qui soit éternelle, — pourquoi donc ne pas accueillir aussi bien la Mort que la Vie ? Il n’existe que des contre-parties — la Nuit et le Jour de Brahma. À travers la désintégration de ce qui est vieux, la recréation devient possible. Nous avons adoré la Mort, la déesse impitoyable de la pitié, sous bien des noms différents. C’était l’ombre du Dévorateur Universel que les Gheburs saluaient dans le feu. C’est devant le purisme glacé de l’âme-épée que le Japon de Shinto s’agenouille encore aujourd’hui. Le feu mystique consume notre faiblesse, l’épée sacrée rompt l’esclavage du désir. De nos cendres s’élance le phénix de l’espoir céleste ; de la liberté naît une plus haute réalisation d’humanité. Pourquoi ne pas détruire les fleurs si nous pouvons en tirer de nouvelles formes pour ennoblir l’idée du monde ? Nous ne faisons que leur demander de se joindre à notre sacrifice à la beauté. Nous rachèterons nos