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barrière de bambou brisée pour converser avec le chrysanthème sauvage, ou comme Linwosing[1], qui perdit son chemin au milieu des parfums mystérieux, tandis qu’il se promenait au crépuscule parmi les pruniers en fleurs du lac Occidental. L’on rapporte aussi que Chowmushih[1] dormait dans un bateau, de telle façon que ses rêves pouvaient se confondre avec ceux du lotus. C’était bien le même esprit qui animait l’impératrice Komio, une des souveraines les plus renommées de Nara, quand elle chantait : « Si je te cueille, ma main te souillera, ô fleur ! Telle que je te vois au sein de la prairie, je te donne en offrande aux Bouddhas du passé, du présent et de l’avenir ! »

Ne soyons, cependant, point trop sentimentaux. Soyons moins luxueux, mais plus magnifiques. Laotsé disait : « Le ciel et la terre sont impitoyables. » Kobodaishi disait : « Coule, coule, coule, coule, le courant de la vie va toujours plus loin. Meurs, meurs, meurs, meurs, la mort vient pour tous. » La

  1. a et b Tous poètes et philosophes célèbres de la Chine.