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et elle s’adresse à nous dans le ton d’une époque guerrière. Après avoir fait mention de la beauté des fleurs, l’inscription dit : « Quiconque aura coupé une seule branche de cet arbre, il lui sera confisqué, en retour, un doigt. » Ne conviendrait-il pas aujourd’hui d’appliquer de telles lois à ceux qui exercent leur frénésie destructrice sur les fleurs et mutilent les œuvres d’art ?

En ce qui concerne les fleurs en pot, c’est encore l’égoïsme humain qu’il faut accuser. Pourquoi enlever les plantes à leur milieu et leur demander de fleurir dans des milieux étrangers ? N’est-ce pas tout comme de demander aux oiseaux de chanter et de couver dans la prison d’une cage ? Qui sait ce qu’éprouvent les orchidées à étouffer dans la chaleur artificielle de vos serres, en soupirant sans espoir pour un rayon de leur ciel méridional ?

L’amateur de fleurs idéal est celui qui les visite dans leurs retraites natales, comme Taoyuenming[1] qui s’asseyait devant une

  1. Tous poètes et philosophes célèbres de la Chine.