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rien pour se chauffer, coupe ses plantes chéries pour recevoir un religieux errant. Le religieux n’est autre, en réalité, que Hojo-Tokiyori, l’Haroun-Al-Raschid de nos contes, et le sacrifice du bon chevalier est récompensé comme il convient. Même aujourd’hui la représentation de cette pièce ne manque jamais d’arracher des larmes au public de Tokio.

L’on prenait alors les plus grandes précautions pour soigner et conserver les fleurs délicates. L’empereur Huensung, de la dynastie Tang, suspendait des clochettes d’or aux branches de son jardin pour en écarter les oiseaux. C’est lui aussi qui, au printemps, se faisait accompagner des musiciens de sa cour pour réjouir les fleurs de suaves concerts.

Il existe encore dans un monastère du Japon[1] une précieuse tablette que la tradition attribue à Yoshitsuné, le héros de notre cycle de légendes analogue au cycle de la Table Ronde : c’est un avis concernant la protection d’un certain prunier merveilleux ;

  1. Sumadéra, près Kobé.