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Fleurs, si vous habitiez les palais du mikado, vous rencontreriez quelquefois un terrible personnage armé de ciseaux et d’une petite scie. Il s’intitulerait lui-même maître de fleurs. Il réclamerait pour lui les droits d’un docteur, et d’instinct vous le haïriez, car vous n’ignorez pas qu’un docteur cherche toujours à prolonger les souffrances de ses victimes. Il vous couperait, vous ploierait, vous courberait dans toutes les positions impossibles qu’il jugerait convenable de vous infliger. Il tordrait vos muscles et disloquerait vos os comme un ostéopathe. Il vous brûlerait avec des charbons ardents pour arrêter la fuite de votre sang, et vous enfoncerait dans la chair des fils de fer pour activer votre circulation. Il vous teindrait avec du sel, du vinaigre, de l’alun et même du vitriol. Il verserait sur vos pieds de l’eau bouillante quand vous sembleriez près de défaillir. Ce serait sa gloire de vous garder vivantes pendant deux ou trois semaines de plus qu’il n’aurait été possible de le faire sans son traitement. N’auriez-vous pas préféré être tuées d’un coup sitôt prises ? Quels crimes devez-vous