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siasme apparent que l’on professe aujourd’hui pour l’art ne repose pas sur un sentiment réel et profond. À une époque démocratique comme la nôtre, les hommes applaudissent à tout ce qui est considéré par la masse comme le meilleur, sans égard pour leurs sentiments. Ils aiment le coûteux et non le raffiné ; ce qui est à la mode, non ce qui est beau. Aux masses populaires la contemplation des périodiques illustrés, qui est vraiment le digne produit de leur propre industrialisme, fournit un aliment de joie artistique plus facile à digérer que les Primitifs italiens ou les maîtres d’Ashikaga qu’elles prétendent admirer. Le nom de l’artiste est autrement important pour elles que la qualité de l’oeuvre. Comme le disait un critique chinois, il y a plusieurs siècles, « le peuple fait la critique d’une peinture avec l’oreille ». C’est à ce manque de goût personnel et de jugement original que nous devons les horreurs pseudo-classiques qui nous accueillent aujourd’hui, de quelque côté que l’on se tourne.

Une autre erreur, non moins communément répandue, c’est de confondre l’art avec