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image que nous voyons dans l’univers et n’est-ce pas notre propre tempérament qui nous impose nos façons de percevoir ? Les maîtres de thé ne collectionnaient que des objets correspondant exactement à la mesure de leur goût personnel.

Je me rappelle, à ce propos, une histoire concernant Kobori-Enshiu. Pour le complimenter d’avoir fait preuve d’un goût si parfait dans le choix de ses collections, ses disciples lui disaient : « Chaque pièce est telle que personne ne peut s’empêcher de l’admirer. Ce qui prouve que vous avez meilleur goût que Rikiu, car il n’y a qu’une personne sur mille qui puisse apprécier sa collection. » À quoi Enshiu répondit tristement : « Voilà bien la preuve de ma vulgarité. Notre grand Rikiu avait l’audace de n’aimer que les objets qui lui plaisaient personnellement, tandis que moi, inconsciemment, je pourvois au goût de la majorité. En vérité, il n’y a qu’un Rikiu entre mille parmi les maîtres de thé. »

Quoi qu’il en soit, l’on ne saurait trop regretter que la plus grande part de l’enthou-