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que les acteurs. Il sait sur quoi repose l’erreur et il a pitié des personnages qu’il voit, sur la scène, se précipiter innocemment vers leur destin. »



Les grands maîtres de l’Orient comme de l’Occident n’ont jamais négligé l’importance de la suggestion pour mettre le spectateur en confiance. Qui peut contempler un chef-d’œuvre sans être épouvanté de l’immensité de pensée qu’il offre à nos regards ? Il n’est pas de chefs-d’œuvre qui ne soient familiers et sympathiques. Combien sont froides, au contraire, les productions courantes de l’heure actuelle ! Ici, l’épanchement chaleureux d’un cœur d’homme ; là, rien de plus qu’un geste formaliste. Esclaves de la technique, les modernes s’élèvent rarement au-dessus d’eux-mêmes. Comme les musiciens qui essayaient vainement de faire vibrer la harpe de Lungmen, ils ne chantent qu’eux-mêmes. Il se peut que leurs œuvres soient plus proches de la science ; elles sont sûrement plus éloignées de l’humanité. Il existe un vieux dicton japonais d’après lequel une femme ne peut aimer un homme vraiment vaniteux,