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maître de thé, ce n’est pas ainsi qu’une allée doit être balayée. » Et, disant ces mots, Rikiu descendit dans le jardin, secoua un arbre et répandit partout des feuilles d’or et de pourpre, bribes du manteau de brocart de l’automne ! Ce que Rikiu exigeait, ce n’était pas seulement de la propreté, mais encore de la beauté et du naturel.

Le nom que l’on donne encore à la Chambre de thé, la Maison de la Fantaisie, implique une structure destinée à satisfaire des exigences artistiques personnelles. La Chambre de thé est faite pour le maître de thé et non pas le maître de thé pour la Chambre de thé. Elle n’est pas destinée à la postérité et est, par suite, éphémère. L’idée que chacun doit avoir sa maison à soi est basée sur une des coutumes les plus anciennes de la race japonaise : la superstition Shinto ordonne, en effet, que toute habitation soit évacuée à la mort de son principal occupant. Il se peut que soit intervenue dans l’établissement de cet usage quelque raison d’hygiène ; une autre vieille coutume voulait aussi que chaque nouveau couple habitât