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différait, par exemple, selon les maîtres de thé. Certains, comme Rikiu, visaient à un effet de solitude complète, et prétendaient que le secret pour faire un roji était enfermé dans cette vieille chanson :

Je regarde au delà ;
Il n’y a point de fleurs
Ni de feuilles colorées.
Sur le bord de la mer
Il y a, solitaire, une maison de paysan,
Parmi la lumière défaillante
D’un soir d’automne.

D’autres, comme Kobori-Enshiu, cherchaient des effets différents. Enshiu disait que l’on pouvait trouver, dans les vers suivants, l’idée d’un roji :

Un bouquet d’arbres, l’été,
Un morceau de mer,
Une pâle lune du soir.

Le sens de ces mots est aisé à saisir. Il rêvait de suggérer l’état d’une âme à peine réveillée, qui erre encore parmi les rêves brumeux du passé, qui est encore plongée