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Partageuse, sinon pour l’argent, du moins pour le coeur… Mais tu me fais dire des bêtises. Voilà ce que c’est que de causer avec les enfants ! Le portrait est beau, que cela te suffise, et la réputation de Pierre n’y perdra pas.

On parla d’autre chose, mais l’impression pénible subie par Juliette persista. Elle pensait, malgré elle, à cette femme qu’elle ne pouvait se défendre de juger mauvaise, et elle avait le soupçon qu’elle était aimée de celui à qui elle servait de modèle. Elle se dit : C’est elle qui l’a détourné de moi. C’est depuis qu’il la connaît que nous ne le voyons plus. Il a honte de venir.

En ses naïves inductions, Juliette n’était pas très loin de la vérité. Pierre, dans la maison de Mme de Vignes, éprouvait maintenant de la gêne. Il se sentait observé par la soeur de son ami. Sa conscience n’était pas tranquille et lui reprochait de s’être trop promptement dérobé, après s’être trop inconsidérément avancé. Il se jugeait blâmable, et se devinait blâmé. Il en conçut un mécontentement qui l’éloigna de celle qu’il respectait trop pour pouvoir, maintenant, songer à l’aimer. Il pensait : Tu t’es conduit, mon garçon, comme un véritable drôle, tu as risqué de troubler le coeur de cette enfant, pour satisfaire un commencement de caprice, puis tu as changé de sentiments et d’idées, au gré du premier chien coiffé que tu as rencontré. Va avec les coquines, tu n’es digne que d’elles, et vous êtes faits pour vous entendre. Un toqué, avec des dévergondées, c’est bien l’assemblage qu’il faut. Vis dans la fièvre d’une fausse passion, échauffe-toi l’esprit dans de malsaines ivresses, confine-toi dans la grossièreté de tes amoureuses de rencontre.

N’aspire plus à la pureté, à la douceur, à la joie de la chaste et sainte tendresse ; ne recherche plus la blancheur, la fraîcheur de la jeune fille. La neige, que nul n’a foulée, n’est point