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splendeurs d’un ciel d’Orient sur la tête… Vous savez avec quel plaisir le comte vous emmènera… Vous travaillerez, vous chasserez… Et surtout vous oublierez !

— Non ! Je serais trop tranquille, trop choyé, trop heureux, auprès de vous. Je ne courrais pas de dangers qui absorbent, je ne prendrais pas de fatigues qui écrasent ; tout, autour de moi, serait trop civilisé… Ce qu’il me faudrait, c’est la vie sauvage. Si vous vous engagiez à me faire capturer par des Touaregs, qui m’emmèneraient captif à Tombouctou… je vous suivrais… Cette fois ce serait le salut !

— Je ne puis vous promettre de telles aventures, dit Davidoff en souriant… Il me faut donc vous abandonner à vous-même.

Ils étaient arrivés devant une très belle villa, peinte en rose, dont les fenêtres brillaient au travers des verdures touffues.

— C’est dit, vous entrez ? demanda le médecin. Adieu donc, car je ne sais si je vous verrai demain, et bonne chance.

Ils se serrèrent la main, et, pendant que le Russe regagnait la ville, le peintre traversait le jardin. Il sonna à la porte de la maison. Un valet de pied lui ouvrit, le fit pénétrer dans un vestibule en forme de patio arabe, orné au centre d’un bassin, sur le fond bleu duquel nageaient des cyprins aux écailles d’or. Autour des colonnes, qui décoraient cette entrée, des rosiers grimpants s’élançaient. Au fond, un escalier de marbre blanc montait jusqu’au premier étage.

— Madame est là ? demanda Pierre Laurier.

— Dans le petit salon, répondit le domestique.

Le jeune homme poussa une porte et doucement entra. Sur un large canapé, au milieu de coussins de soie, Clémence Villa était étendue, feuilletant un livre. Elle leva la tête, étira ses bras, et resta immobile. Pierre s’approcha, et,