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VI

La dépêche de Davidoff fut remise à Pierre Laurier le jour même de la noce d’Agostino avec la fille d’un important fermier de San-Pellegrino. Le marin s’était enrichi à écumer les flots de la côte méditerranéenne, et il apportait six mille francs à sa future. Celle-ci, brune et vigoureuse montagnarde de seize ans, possédait une maison et des champs plantés d’oliviers. Les jeunes gens s’aimaient depuis un an, et, sous cette condition qu’Agostino cesserait de naviguer, le mariage avait été conclu.

On sortait de l’église de San-Pellegrino, et, sur le passage des mariés, les coups de fusil, tirés en signe de joie, pétillaient, comme si la vendetta eût jeté une moitié du pays contre l’autre. Les vivats éclataient dans le cortège, les figures rayonnaient de joie, et, sous ce grand soleil, dans la chaleur de l’été, à l’odeur de la poudre, une sorte d’ivresse s’emparait des cerveaux. Pierre donnant le bras à la petite Marietta, avec qui il venait de quêter à l’église, suivait d’un oeil ravi les péripéties de cette fête si originale, si vivante, rêvant