consulter, dit Woreseff gaiement ; qu’auriez-vous dit si vous vous étiez réveillé en mer ?
— Vous ne pouvez vous douter des conséquences que cette fugue aurait entraînées.
— Eh bien, levez-vous… Quand vous serez à terre, je sortirai du port et, à votre retour, vous me retrouverez dans le bassin, à cette même place… Mais qu’est-ce qui vous attire à Paris, où il doit faire si chaud, quand, ici, il fait si bon ?
— Une histoire d’amour, répondit sérieusement le docteur. Un pauvre garçon que je vais essayer de séparer d’une coquine, qui…
— Dites : d’une femme, interrompit froidement Woreseff. Ce sera plus court et tout aussi vrai. Mon cher, croyez-en un homme qui a été affreusement et injustement malheureux, il n’y a qu’un système possible avec les femmes. C’est celui qu’ont adopté les Orientaux : l’esclavage pur et simple. Dites cela à votre ami de ma part.
— Le lui dire, ce n’est rien… Mais le lui faire croire !… Il en est bien arrivé à votre système de l’esclavage… Seulement, c’est lui qui est l’esclave !
— Pauvre diable ! Alors, bonne chance, Davidoff.
Le comte alluma une cigarette, serra la main de son ami et sortit. Une heure plus tard le yacht crachait la vapeur par ses cheminées, et, lentement, se dirigeait vers la haute mer.
Le docteur, en descendant de voiture à la gare, la trouva vide de voyageurs. Il entra dans la salle d’attente : personne ; au buffet, la dame de comptoir bâillait en lisant les journaux de la veille ; un commis voyageur, sa caisse d’échantillons posée par terre à côté de lui, prenait un apéritif. Davidoff sortit dans la cour, et se promena lentement au soleil, en regardant s’il voyait venir Jacques. Au bout d’une vingtaine de minutes l’impatience le gagna, et, par la rue qui menait