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des influences mauvaises, que je ne sais point surmonter.

— Eh bien ! si vous vous rendez compte de votre faute, n’y persistez pas… Vous m’avez dit, tout à l’heure, que votre mère a du chagrin et que votre soeur est malade… Partons ensemble, demain matin, pour Paris. Allons les voir. Vous consolerez votre mère et je soignerai votre soeur… Votre présence leur fera grand bien à l’une et à l’autre. Je ne parle même pas du bien que vous en ressentirez vous-même. Après votre mouvement de franchise, un acte de résolution ! Êtes-vous un homme et voulez-vous vous conduire en homme ?

Jacques parut embarrassé par la netteté de cette proposition, son visage se crispa. Déjà il était agité à la pensée de s’éloigner de Clémence, inquiet de ce qu’elle ferait pendant son absence. Il balbutia :

— Est-ce donc nécessaire que nous partions demain ? Ne pouvons-nous remettre ce voyage à quelques jours ? J’aurais le temps de m’y préparer.

— Non ! dit rudement Davidoff ; si vous retardez, vous ne partirez pas. Demain, ou je ne vous reparle de ma vie, et je ne vous connais plus.

Comme le jeune homme hésitait :

— Qu’est-ce qui vous arrête ? Êtes-vous libre ? Ou bien avez-vous besoin de demander la permission de vous éloigner ? En étes-vous là ? Ce serait pis que je ne supposais…

— Vous vous trompez ! s’écria Jacques, en voyant que le Russe soupçonnait Clémence, et je vous en fournirai la preuve. À demain donc.

— Sans faute, sans remise, sous aucun prétexte ?…

— Comptez sur moi…

— À la bonne heure !… Eh bien ! rentrons nous coucher pour être dispos demain.