qu’il lui était devenu indifférent, sembla avoir marqué la fin de sa veine. Brusquement la chance lui échappa, et, après des retours de fortune trop courts, il se retira au matin perdant trois mille louis.
Il avait tant gagné, depuis quelques mois, qu’il n’attacha aucune importance à cette mauvaise passe, qu’il jugea devoir être accidentelle. Il n’en eut que plus d’ardeur à chercher sa revanche, mais il ne trouva que la continuation de sa défaite. Étonné, il s’entêta, et, en quelques jours, il dut apporter à la caisse du cercle de très grosses sommes. La maison de Trouville était louée, il voulut rompre cette série fatale, et, comme Clémence était disposée à partir, ils se dirigèrent vers la côte normande.
Là, l’existence se continua pour eux, comme à Paris, mais dans une intimité plus grande, qui augmenta la froideur réelle de la jeune femme, obligée de se contraindre pour paraître charmante à un homme qui l’ennuyait autant que tous ses prédécesseurs. Elle se vengea, en s’ingéniant à lui faire dépenser de l’argent. C’était l’instant où Jacques, voyant ses ressources se tarir brusquement, était obligé de faire appel à ses réserves. La difficulté de sa situation semblait l’exciter, et jamais il n’avait tant tenu à Clémence que depuis qu’elle se détachait de lui. Peut-être cette étrange fille possédait-elle la dangereuse faculté de troubler la raison de ses amants. Car, à l’exception de Nuño, qui avait été son premier protecteur, et qui n’avait jamais pris ombrage de ses caprices, tous ceux qu’elle avait aimés et quittés ne s’étaient point consolés de sa perte.
Le train que menait Clémence était considérable, et elle défrayait, par les parties qu’elle organisait, les conversations de toute la plage. Ce n’étaient que cavalcades, entraînant sur la route d’Honfleur ou de Villers la jeunesse de Trouville.