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mer et tous, par un sort fatal, destinés à affronter un jour les flots qui avaient mis leur enfance en deuil. Ils couraient, insouciants, joyeux. Et, par-dessus les murailles, les hautes mâtures des navires se dressaient, les entourant de tous côtés, ainsi qu’une barrière, comme pour les empêcher d’échapper à leur destin.

Un soir, en rentrant de sa promenade accoutumée, Marackzy, dans le vestibule de son appartement, trouva une dame qui l’attendait. La pièce était obscure : le musicien salua et s’apprêtait à s’éloigner, quand la visiteuse, se levant vivement, vint à lui, la main tendue, avec de petits cris étouffés :

— Oh ! cher monsieur Marackzy !… Eh quoi !… Vous ne me reconnaissez pas ?… Suis-je donc si changée ?…

Comme il hésitait, se demandant s’il