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dans les endroits déserts. Il gagnait le sommet des falaises, et, là, sur l’herbe rare et jaunie, il s’asseyait, ayant autour de lui l’immense solitude du ciel et de la mer. Et il se perdait dans ses tristes rêveries.

Il écoutait l’orage de sa douleur qui grondait au fond de lui-même. Peu à peu, ses gémissements prenaient une forme musicale, et, dans son cerveau inspiré, des chants bourdonnaient exprimant le désespoir. À entendre ces harmonies, nées de sa souffrance, et qui la rendaient avec une intensité sublime, il éprouvait une torture sans nom. Il eût voulu faire taire son imagination. Mais son génie, vainement comprimé, déployait ses ailes et, ainsi qu’un aigle qui tient une proie pantelante dans ses serres, l’emportait lui-même, impuissant à résister.

Et c’étaient des marches funèbres qui