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Quand la réalité lui apparaissait soudain, elle fermait les yeux, pour ne pas perdre sa douce illusion, et se disait : c’est ainsi que cela aurait dû être, c’est ainsi que cela est, et c’est le bonheur.

Elle éprouvait une joie mélancolique à parler du passé avec Harriett et Daisy. Peu à peu, comme un sympathique cortège, tous les amis perdus depuis trois ans passaient devant ses yeux. Et, pendant des heures entières, elle se perdait dans ce lointain de ses souvenirs. Elle oubliait ainsi bien mieux les amertumes et les craintes du présent, et elle se reprenait à être heureuse.

Quand Sténio voyait sa chère malade ainsi distraite, il s’éloignait sans bruit, et, cessant de se contraindre, détendant les lignes de son visage contractées par un sourire de commande, il s’en allait, errant