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Et la présence constante des deux femmes contribuait à maintenir Maud dans ce bien-être moral, si nouveau pour elle, qu’il paraissait lui rendre la santé.

Chaque matin, la jeune fille arrivait avec sa gouvernante, et le logis s’éclairait d’un rayon de gaieté. Elle allait, venait, tournait, chantait, s’interrompant pour embrasser sa sœur, et répandant autour d’elle le charme ineffable de sa jeunesse et de sa grâce.

Maud, silencieuse, la regardait, et il lui semblait que tout ce qu’elle avait souffert était un mauvais songe. Rien de ce qui avait été le tourment de sa vie n’était vrai. Elle avait épousé Sténio avec le consentement de son père, elle n’avait jamais quitté son pays, elle n’avait point été séparée de sa sœur. Et l’ange blond tant pleuré n’était pas mort : il allait naître.