Page:Ohnet – Noir et Rose, 1887.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaincre la maladie. Mais le grand artiste, avec une pénétration singulière, se rendait un compte très exact de l’état de sa femme.

Il la voyait momentanément exaltée par une joie inespérée, luttant contre l’abattement de son corps. Mais il savait bien que le combat ne serait pas longtemps victorieux, et que, cette énergie factice cessant, la pauvre Maud retomberait, comme un oiseau blessé qui a essayé de fuir dans le ciel.

Il assistait, le cœur serré, à la révolte de cette jeunesse qui s’attachait à la vie. Et, jugeant bien léger le fil qui l’y retenait encore, il maudissait le temps qui marchait si vite, les jours qui s’écoulaient si rapides, plein de l’angoisse d’un lendemain qui pouvait amener un malheur.

Ainsi qu’il l’avait dit, lord Mellivan était parti, mais il avait laissé Daisy et Harriett.