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Combien de fois, depuis trois ans, cette tête admirable avait hanté l’esprit du vieillard ! Ricanante et diabolique, il la voyait comme celle du mauvais ange. Oh ! que de mal ce Marackzy lui avait fait ! Et comment l’expierait-il jamais ? Souffrances de l’orgueil, déchirement du cœur : le gentilhomme et le père avaient été atteints avec une égale cruauté. Bien souvent le vieillard s’était dit : s’il tombait un jour sous ma main, s’il était en ma dépendance, si je pouvais à mon gré l’insulter, le frapper !… Quelle revanche ! Qu’inventerais-je d’assez atroce pour qu’il payât tout ce que j’ai souffert ?

Mais ce jour tant souhaité n’avait pas semblé près de venir. Sténio était brillant, puissant, heureux. Tout lui réussissait. Il s’élevait vraiment au niveau de celui qui l’avait dédaigné, et ce musicien acclamé