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Ainsi il avait fait, et, dans une quiétude complète, sans amertume, sans chagrin, les deux enfants avaient grandi. C’étaient maintenant deux jeunes filles, et leur père, qui s’était sacrifié pour elles, allait pouvoir réaliser le rêve de sa vie : les voir mariées, mères à leur tour, et reposer sa vieillesse dans les douceurs d’une nouvelle famille. Avec quelle joie il passerait sa main dans la soie douce des cheveux de ses petits-fils ! Eux aussi, il les regarderait gambader sur les gazons du vieil hôtel héréditaire. Au moins, eux, ils auraient leur mère pour suivre d’un regard inquiet leurs courses échappées. Et, quand ils seraient des hommes, afin que le nom de Mellivan-Grey ne disparût point, le vieux lord demanderait à la Reine de faire passer sa pairie sur la tête de l’aîné. Oh ! les beaux projets, les doux songes ! Comme ils avaient été de courte durée !