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pour moi… Mon cœur en a été brisé… Ah ! par pitié ! qu’il vienne ! Que je le voie seulement ! Qu’il ne me parle pas, s’il ne trouve en lui rien à me dire… Qu’il n’entre pas ici, si cela lui déplaît… Qu’il passe dans la rue, devant cette fenêtre, comme un étranger. Au moins je l’apercevrai, et ce sera déjà la moitié du salut pour moi !…

À bout de forces, elle retomba en arrière, blêmit comme pour mourir, et, entre les bras de sa sœur et de son mari épouvantés, resta inerte, aspirant l’air avec d’horribles efforts. Quelques minutes s’écoulèrent, pleines d’angoisse. Enfin elle se ranima, et, caressant avec sa joue le visage de Daisy, d’un ton très bas, épuisée :

— Pardon, mignonne, je te fais de la peine… Tu vois, c’est ma destinée d’affliger toujours ceux que j’aime… Et pourtant je ne suis pas méchante !…