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une semaine, elle soigna le petit être avec une ardeur passionnée, le couvant, lui insufflant sa propre vie. Mais tout fut inutile. Le visage rosé pâlit, les yeux clairs s’obscurcirent, les lèvres, qui ne connaissaient que le sourire, se pincèrent avec une gravité soudaine, et, sans secousse, doucement, comme un oiseau qui s’endort, le pauvre mignon mourut.

Alors la tendre et frêle Maud eut un accès de délire furieux qui épouvanta tous ceux qui l’entouraient. Elle poussa des rugissements de lionne blessée, maudit le ciel, menaça la terre, appela à grands cris son père, le rendant responsable du malheur qui l’accablait. Puis, sans transition, elle tomba dans un état de mélancolie accablée.

Elle resta des semaines entières muette, les yeux fixes, sans une larme, sans une