Page:Ohnet – Noir et Rose, 1887.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mariés à Cowes, avant de quitter l’Angleterre. Elle est régulièrement sa femme. Pendant notre séjour en Irlande, l’artiste avait eu l’audace de venir me demander la main de miss Mellivan… Je répondis en le priant de s’éloigner sur-le-champ… Il me déclara alors que ma fille l’aimait, et que c’était d’accord avec elle qu’il avait fait cette démarche. Il ajouta qu’il était riche, honoré, et me supplia de ne pas prendre une résolution irrévocable. Je persistai dans mon refus. Il partit. J’eus alors à subir les prières et les lamentations de Maud. Elle était au désespoir… Ce misérable l’avait ensorcelée. Durant des jours entiers, elle resta sans parler, presque sans manger, l’œil fixe, l’oreille tendue, comme si elle écoutait au loin une musique mystérieuse. Je fis tout pour la distraire : rien ne réussit… Je comptais sur sa fierté. J’es-