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en effet, le charme opérait, et Maud, sur les ailes du rêve, suivait le prodigieux enchanteur où il lui plaisait de l’emporter.

Le marquis de Mellivan-Grey, personnage très grave, premier secrétaire de l’Amirauté, avait fait grand accueil au célèbre Hongrois. Vers la fin du printemps, il lui avait proposé de venir passer quelques jours chez lui, en Irlande. Le noble lord se proposait de produire Marackzy dans la haute société irlandaise, et ce rôle de Mécène flattait son amour-propre.

Resté veuf quand ses filles étaient encore toutes petites, il les avait confiées à la surveillance d’une gouvernante, vieille fille puritaine et timorée. Croyant avoir ainsi paré à tout, il vivait en sécurité. Jamais il n’avait soupçonné l’influence que Sténio avait acquise sur Maud. Pas une fois il n’avait surpris les regards de la jeune