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rique annoncèrent que la tournée, tant attendue, était retardée. Mais il fut bientôt évident qu’elle n’aurait pas lieu.

Un charme invincible retenait Sténio en Angleterre. Il refusait de donner des concerts ; il paraissait désirer faire oublier qu’il était artiste de profession. Il allait beaucoup dans le monde, jouait, dansait, chassait, menait la vie d’un grand seigneur. Pour obtenir de l’entendre, même dans la plus grande intimité, il fallait beaucoup insister. Encore n’était-ce jamais qu’à des sollicitations féminines qu’il cédait. Miss Mellivan spécialement avait le privilège de vaincre les résistances de Sténio. Un mot d’elle était un ordre pour lui. Alors il prenait un violon, n’importe lequel, jouait de verve ses airs les plus passionnés, comme s’il eût voulu les répandre, philtre subtil, dans le cœur de la jeune fille. Et toujours,