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ailé : celui de toutes les femmes groupées autour de la souveraine, passa dans le silence, et fit frissonner le musicien. Il sourit et, sans lever les yeux, frappant un coup léger avec son archet, pour prévenir son accompagnateur qu’il était prêt, il commença.

Il jouait une rêverie aux harmonies mélancoliques, exprimant les plaintes d’une âme souffrante prête à quitter la terre, et qu’il avait intitulée le Chant du Cygne. Sous ses doigts merveilleux, les souvenirs du passé heureux, fêtes joyeuses et brillantes, alternaient avec les réalités déchirantes du présent désolé. Ce n’était plus le violon qui chantait, c’était le cœur blessé lui-même qui exhalait ses regrets suprêmes avec ses derniers soupirs.

Sténio, les paupières baissées, ainsi qu’à son habitude, oublieux de tout ce qui l’en-